Publié le 10/07/2025
Un article issue de la revue n°56 “Visages d’Asie”
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Un article de Tony Ben Lahoucine, Adjoint au maire d'Issoudun, Président d'honneur
de CENTRAIDER et Président de la CIRRMA
À l'heure des choix, économiques, politiques, commerciaux ou encore militaires, il est dans l'air du temps de mettre en concurrence les différentes formes de solidarité. Face aux désordres et aux chaos du monde, il faudrait « prioriser » ce qu'il est convenable d'absorber, d'amortir ou de réparer par des actes de solidarité. La santé ou l'éducation ? Le système de retraite ou la militarisation ? Le local ou l'international ?
L'esprit de la solidarité, comme réponse utile et nécessaire face à cette main invisible (et surtout visiblement maladroite !) qui régule nos interactions, aurait comme disparu. Tout du moins, cherche-t-on à la fractionner et à la mettre en concurrence en son sein. L'actualité pousserait à segmenter nos valeurs, comme on le fait à travers des lignes budgétaires, l'essentiel du superflu, l'intérêt bien compris de l'intérêt général, l'ami proche du lointain voisin. Il s'agirait alors non plus de choisir la Solidarité, comme principe général d'action, ce 4e pilier caché de notre devise républicaine, mais de choisir dans cette Solidarité la portion congrue qu'il conviendrait, d'après l'intime conviction de chacun, de sauvegarder. A ce jeu, l'offre politique excelle à attirer le regard sur la solidarité concurrente de la vôtre.
Choisissez, et choisissez vite, il en va de l'effondrement de notre économie, de la guerre, de notre civilisation. Angoissant.
Dans le petit monde de la coopération et de la solidarité internationale, d'aucun se souviendront de la formule « la Corrèze plutôt que le Zambèze » qui marque aujourd'hui l'esprit plus par la rime que la pertinence du propos. En effet, il faut certainement retrouver le bon sens de l'esprit même d'une Solidarité indivisible ; le réchauffement climatique, la pauvreté, les pandémies ne sont pas des problèmes de l'ailleurs, lointain. Si vous fermez une mine de charbon dans le Montana, sans résoudre la question sociale sous-jacente, il est possible que certains électeurs impactés fassent basculer la donne électorale en suivant, jusqu'à provoquer quelque temps plus tard la fermeture d'USAID et en conséquence la possible augmentation du VIH en Afrique du Sud d'ici à 2030. L'effet papillon est important. La solidarité, quelle qu'en soit l'expression, est donc nécessaire car toutes les thématiques de l'action sociale, environnementale, sociétale sont intrinsèquement liées, comme nous le rappellent les Objectifs de Développement Durable (ODD).
Intersectionnalité des luttes, interdépendances des économies, indivisibilité des objectifs, quel que soit l'angle de vue, nous appelons à l'unité dans les mouvements de solidarité. L'aridité totalisante d'une solidarité contre une autre, est contraire à l'esprit même de solidarité qui lie entre elles les questions que notre humanité a à résoudre. Nous promouvons un principe de Solidarité, nous ne défendons pas une ligne budgétaire. Rappelons que la et les solidarités notamment en direction des plus vulnérables, c'est la Fraternité en actes !
Porter la Solidarité comme un étendard épuise-t-il pour autant le débat ? Cela suffit-il à se ranger du bon côté de l'Histoire, et d'accuser tous les autres de fractionnisme, de protectionnisme ou encore d'égoïsme. Assurément, non. Il est essentiel pour en débattre de mesurer l'efficacité de cette solidarité. Et ce n'est pas une question nouvelle. On peut se réjouir des nombreuses démarches d'évaluation qui portent sur les projets de solidarité internationale par exemple, leurs financements comme leurs impacts. Mais l'on peut aussi applaudir lorsque la justice est rendue sur des questions de harcèlement ou toutes autres formes de violences commises dans le cadre d'organisations ou d'activités de bienfaisance. La solidarité n'est pas une immunité juridique.
Sur un plan politique, il est important également de garantir qu'elle ne soit pas l'instrument utile (et anecdotique) pour compenser les « externalités négatives » comme disent les économistes. Pour qu'elle ne soit pas anecdotique, oui il est important que ces organisations qui œuvrent chacun à leurs niveaux à des formes de solidarité puissent réclamer des moyens. Ce n'est ni tabou, ni indécent d'affirmer que nous devons investir dans des enjeux de développement durable et solidaire. Le retour sur investissement est-il mesurable ? Il est plus facile de mesurer l'étendu d'un problème, que les solutions qui ont permis d'empêcher ou d'atténuer son émergence. La solidarité, c'est aussi une forme de médecine préventive.
Nous promouvons un principe de Solidarité, nous ne défendons pas une ligne budgétaire. Rappelons que la et les solidarités notamment en direction des plus vulnérables, c'est la Fraternité en actes !
Tony Ben Lahoucine
Enfin sur le plan de la méthode, il est tout aussi important de pouvoir en expliquer à nos concitoyens les motivations, les mécanismes, les conséquences, les réussites comme les échecs. C'est à ce chantier pédagogique que s'attaquent inlassablement les Réseaux Régionaux Multi-Acteurs, afin d'attacher toutes les solidarités ensemble ; en louant les intentions de nos concitoyens, en professionnalisant leurs actions, et en reliant ce qui forge les particularités de nos territoires au reste de la planète.
Je tiens à saluer l'engagement des équipes des professionnels des RRMA et de la CIRRMA, les bénévoles des gouvernances des RRMA comme de la CIRRMA. L'agenda des Solutions passera par un renforcement de nos réseaux avec la création de futurs RRMA en Guyane, à la Réunion et à Mayotte. Nous avons salué lors de l'Assemblée Générale de la CIRRMA ces dynamiques, nos partenariats existants dont celui avec le Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères. La présence de Rémy Rioux, Directeur général de l'Agence Française de Développement a été un des temps forts pour rappeler ensemble que l'Aide Publique au Développement ou Solidarité par l'investissement local est une des politiques publiques dont nous sommes collectivement fiers.
Grâce à l'action collective de la CIRRMA, plusieurs nouvelles importantes confirment l'action collective de la CIRRMA :
Je veux y voir le travail de toutes les équipes des RRMA qui, rassemblées dans ce programme depuis 5 ans maintenant, a su convaincre l'AFD de la pertinence des actions territorialisées. Je remercie la mobilisation de chacune des gouvernances de nos RRMA sur ces dossiers et l'implication de Franck Fortuné, Directeur général de la CIRRMA et de Gaël Clabecq, Directeur des programmes de la CIRRMA en lien avec l'équipe de Centraider. Dans le climat morose budgétaire de notre pays, ces deux nouvelles sont assurément de bonnes nouvelles. Elles sont le signe de notre capacité à agir et de l'expertise des réponses en lien avec chacun de nos territoires.
Je tiens à saluer, également, le travail de notre inter-réseaux qui a permis de convaincre le FONJEP (et derrière cela le MEAE), de la qualité du travail des RRMA sur les mobilités courtes. Cela représente un peu plus de 120 000 € de soutien au dispositif Explor qui passe ainsi de 4 à 9 RRMA. Je salue et félicite à travers vous les consortiums Pays de la Loire Coopération Internationale, Lianes, Horizons Solidaires,
Réseau Bretagne Solidaire ; Centraider, SO Coopération, Resacoop, Territoires Solidaires, Occitanie
Coopération. Il me souvient d'un temps où 3 RRMA : Pays de la Loire Coopération Internationale, Lianes
Coopération et Centraider avaient initié la prise en main et le lancement de ce dossier.
Sérieux, reconnaissance institutionnelle de la CIRRMA ; agilité au plus près des territoires et ce en lien avec les acteurs économiques via l'inter-RRMA ; engagement des gouvernances et des équipes : ces 3 exemples récents témoignent de la force que nous représentons.
Continuons, ensemble, à faire vivre et développer cette force. C'est tout le sens de mon engagement au sein de la CIRRMA. Édouard Glissant nous a rappelé : « Je crois qu'il faut adopter le principe : agis dans ton lieu, pense avec le monde. C'est cela la mondialité. Une politique du monde qui s'oppose aux aspects négatifs de la mondialisation ».
Alors ensemble, face aux vents mauvais, aux dévires populistes et impérialistes, continuons par l'action et par la solidarité à contribuer et à consolider cette mondialité !
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Édouard Glissant nous a rappelé : « Je crois qu'il faut adopter le principe : agis dans ton lieu, pense avec le monde. C'est cela la mondialité. Une politique du monde qui s'oppose aux aspects négatifs de la mondialisation ».
Tony Ben Lahoucine
CENTRAIDER est un réseau régional multi-acteurs, au service de toutes les structures engagées dans des projets de coopération décentralisée et/ou de solidarité internationale (collectivités territoriales, associations, établissements scolaires, hôpitaux, universités, etc.). CENTRAIDER s'est fixé pour objectif l'amélioration des pratiques des acteurs de la coopération et la solidarité internationale.
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