Regards croisés avec le dispositif VEC (Volontariat d'Echanges et de Compétences) – EXPLOR

Publié le 15/12/2024

Mission Explor Mécénat de compétence

Un article issue de la revue n°55 “Jeunes en mouvement”

Photo : Extrait du film sur le projet “Pamoj’AA”

Une interview d’Eric Lefebvre et Denis Montagnon, médecins radiologues échographistes.

Du 23 au 29 septembre 2024, deux médecins radiologues échographistes de l'association Te Cum sont partis pour effectuer une mission d'échanges de pratique au Sénégal, en partenariat avec l'association Horizons Sahel basée à Vendôme.
Horizons Sahel est partenaire du Centre Hospitalier National Universitaire de Fann à Dakar depuis 2007 dans le but d'améliorer ses plateaux techniques d'hospitalisation, l'établissement de diagnostic et, ainsi, la prise en charge des patients.

Partis avec le dispositif EXPLOR, la mission a eu pour objectif de former 14 médecins radiologues de la Société Sénégalaise de Radiologie et Imagerie Médicale (SOSERIM) grâce à un programme d'ateliers d'échographie musculo-squelettique sur des équipements (échographes) fournis par Te Cum et Horizons Sahel, et collectés auprès de fabricants et utilisateurs en France. En parallèle, un ingénieur et un expert hospitalier ont sensibilisé à la maintenance des dispositifs médicaux et formé les techniciens de maintenance de l'hôpital.

Aviez-vous déjà effectué une mission de volontariat à l'étranger ?

Eric Lefebvre : Oui mais pas dans le même registre. Je suis souvent parti à l'étranger en tant que bénévole professionnel, sur invitation lors de congrès médicaux qui ont pour but de réunir des professionnels « savants ». Je suis administrateur dans l'association Te Cum créée en 2023, qui a pour vocation de mettre à disposition les compétences de médecins radiologues échographistes français pour former des homologues d'autres pays sur des techniques pointues. Mais nous n'avions pas encore effectué de mission et celle au Sénégal fut la première, grâce à Horizons Sahel (HS) et à l'appui de Centraider à travers le dispositif EXPLOR.

Denis Montagnon : Je n'avais jamais fait de mission de volontariat et je dois dire que la mission préparée par Horizons Sahel et le document envoyé par Centraider (Livret de mission) m'ont beaucoup rassuré. Le document est bien construit, avec une réelle réflexion, et prend en compte les difficultés que l'on peut rencontrer. Il aide beaucoup pour notre préparation. Je suis parti en pleine confiance.

Quelles étaient vos motivations personnelles ?

Eric Lefebvre : Elles étaient double. D'une part, un attachement particulier avec le Sénégal où j'ai effectué mon service militaire pendant un an en tant qu'échographe. Donc une envie très forte d'y retourner, et de surcroit avec Daniel Millière, président d'Horizons Sahel, que je connais bien.
D'autre part, une possibilité de pouvoir effectuer notre première mission avec Denis Montagnon, également médecin radiologue échographiste et président de Te Cum, basée à St Etienne. Le rapprochement avec Te Cum et Horizons Sahel a été fondamental car Horizons Sahel a apporté le matériel nécessaire et indispensable pour mettre en pratique la formation et nous a mis en relation avec son partenaire du CHNU de Dakar. La mission ne pouvait pas se faire sans l'expérience d'Horizons Sahel. Tout était bien organisé, sans perte de temps, les médecins choisis et le nombre limité pour un travail efficace.

Denis Montagnon : La première raison est que j'étais très engagé dans la société d'imagerie squelettique (S.I.M.S) et c'était difficile pour moi au moment de partir à la retraite de tout arrêter. Avec des amis, nous avons donc décidé de créer l'association Te Cum pour « faire de l'humanitaire », mais cela s'est avéré plus compliqué que je ne pensais. Nous n'arrivions pas à organiser une mission concrète. Le partenariat avec Horizons Sahel a donc été un déclic. La seconde motivation est mon intérêt et goût pour les voyages.

Avez-vous rencontré des défis particuliers pendant votre mission ?

Eric Lefebvre : Je ne cache pas que j'avais des idées trop préconçues avant de partir, connaissant déjà le pays. Les sénégalais sont très attachants, bienveillants mais le contexte peut parfois être compliqué.
Or, j'ai été agréablement surpris déjà de leur niveau professionnel, mais aussi de leur grande motivation. Nous devions dire « stop » le soir, car ils avaient envie de continuer à apprendre, à échanger.

Denis Montagnon : C'était vraiment réussi, les personnes qui nous accompagnaient sont des personnes remarquables. Daniel Millière et Jean-Sébastien Quella nous ont mis en total confiance. Daniel est chez lui et a créé quelque chose de formidable. Leurs partenaires nous ont fait un formidable accueil. Le Dr Sokhna Ba, Présidente de la SOSERIM, a été très présente et a assisté à tous les cours. On s'est senti comme dans un « cocon ».

Mission Explor Mécénat de compétence

Comment s'est opéré l'échange de compétences et quelle influence sur leurs pratiques ?

Eric Lefebvre : La semaine s'est déroulée sous forme de formation continue, alternant entre cours théoriques et mise en pratique auprès de 14 médecins déjà installés.
Le niveau pouvait être différent avec déjà beaucoup de connaissances théoriques mais peu de pratiques dans ce domaine pointu. Cela ne s'apprend pas dans les livres. Nous les avons invités à faire plusieurs fois les gestes à chaque étape de la formation : vraie pratique de terrain.
La grande différence à mes yeux par rapport aux français, est leur grande motivation, leur attention et leur soif de connaissances. C'était vraiment un moment fort de partage, d'échange à différents niveaux. Et c'est avant tout répondre à leurs besoins, s'adapter en fonction de leurs pratiques. L'étape suivante est de les accompagner pour que certains deviennent à leur tour des formateurs.

Denis Montagnon : Je partais vraiment avec des préjugés et j'ai été très agréablement surpris par la qualité des médecins déjà confirmés. Beaucoup sont déjà venus en France pour se former et ont complété leurs connaissances par des tutoriels. Ils sont très adroits avec un très bon niveau, il faut juste leur faire prendre conscience de leurs compétences. Je n'avais pas beaucoup pratiqué étant à la retraite depuis 4 ans, et j'avais un peu perdu la main. Mais j'ai trouvé de très bons moniteurs locaux et je les ai laissé faire, me contentant de les guider, les encourager. Et pour aller plus loin, j'ai proposé à la société d'imagerie squelettique de participer en avril 2025 au Congrès National du Sénégal, et d'organiser une journée franco sénégalaise. Avec le Dr Sokhna Ba, nous aimerions co-construire cette journée et partager le travail.

Personnellement que vous a apporté la mission ?

Eric Lefebvre : Une très grande satisfaction, une envie de transmettre car je suis un passionné. Je partirais bien plus et plus longtemps mais il faut trouver un équilibre entre les différentes activités que je mène et ma vie personnelle. Les échanges et les rencontres avec les partenaires sénégalais ont été très riches et intéressants. Nous avons été très bien accueillis. La mission a été très agréable, conviviale, sympathique. Notre séjour a été enrichi par la collaboration avec Daniel Millière et Jean-Sébastien Quella, respectivement administrateur d'HS et PDG de Santé Recycle, qui étaient avec nous lors de la mission. Nous avons eu de nombreux échanges, riches, importants eux-aussi. L'apport de chacun a été notable. De partir avec les membres de l'association porteuse du projet est vraiment une plus-value sur beaucoup de niveaux. Déjà, la mission a été grandement facilité par les relations entre le CHNU et HS et la très bonne organisation mise en place, tout était fluide. Nous nous sommes laissés guider et nous nous sommes vraiment concentrés sur notre planning d'ateliers. Et d'autre part, le croisement entre Horizons Sahel, Te Cum et l'entreprise de Jean-Sébastien Quella a permis de tisser des liens. Ces liens profitent au tissu économique de la région, avec des perspectives plus larges dans le futur.

Denis Montagnon : Une grande satisfaction et séduit par la qualité des échanges et l'accueil formidable. C'était notre première mission pour Te Cum et on va pouvoir s'en servir comme modèle et comme levier pour plus de crédibilité et de visibilité, dans l'objectif d'augmenter le nombre d'adhérents et nos finances. Nous devons nous appuyer sur des associations aussi professionnelles qu'Horizons Sahel pour construire d'autres missions avec de nouveaux pays et partenaires.


Partager cet article

Centraider

CENTRAIDER est un réseau régional multi-acteurs, au service de toutes les structures engagées dans des projets de coopération décentralisée et/ou de solidarité internationale (collectivités territoriales, associations, établissements scolaires, hôpitaux, universités, etc.). CENTRAIDER s'est fixé pour objectif l'amélioration des pratiques des acteurs de la coopération et la solidarité internationale.

Informations pratiques

Siège social

Pôle Chartrain • 140, Faubourg Chartrain, 41100 Vendôme
Tél : 02 54 80 23 09

Bureaux

Le 360 • 78 rue des Halles, 37000 Tours
Tél : 06 42 59 76 32

CIJ • 48 rue du Bourdon Blanc, 45000 Orléans
Tél : 02 38 15 66 59

Espace Tivoli • 3 rue du Moulon, 18000 Bourges

Ministère de l'Europe et des Affaires Étrangères
Région Centre Val de Loire
Agence Française de Développement