Publié le 16/12/2024
Un article issue de la revue n°55 “Jeunes en mouvement”
Photo : Association JOIE
Une interview de Jean-Charles Henry, Président de l'Association Jeunes Ouverts à l'International et aux Échanges (JOIE) de Dominique Tieurcelin, membre du bureau, de Jacqueline Fayolle, secrétaire de l’association et de Michel Larher, trésorier.
Jean-Charles Henry : J.O.I.E est une association qui favorise la mobilité internationale des jeunes, en lien avec les valeurs européennes et la solidarité. Après plusieurs années dans l'industrie, je me suis engagé en tant que bénévole dans le comité de jumelage qui existait à l'époque (2008), j'en ai été le président durant 5 ans. En 2021, nous transformons le comité de jumelage en association : Europe Murs ou Solidarité, aujourd'hui J.O.I.E, que je préside.
Dominique Tieurcelin : Je suis conseiller municipal, ancien documentaliste dans l'Éducation nationale et ancien président du comité de jumelage.
Jacqueline Fayolle : Je suis conseillère municipale en charge du social, institutrice de formation et formatrice en FLE.
Michel Larher : Je suis issu de l'industrie, comme Jean-Charles, et je me suis d'abord engagé en tant que bénévole pour le Téléthon. J'ai rejoint l'association en 2022 et j'ai participé au projet de 2023.
Jean-Charles Henry : Nous avons 14 membres, le bureau est constitué de 7 personnes qui se réunissent régulièrement : nous quatre plus Jean Claude Mansuy, Bosco Diagou et Didier Koënig.
Jean-Charles : Notre premier projet a été réalisé en 2013, suite à un appel de la Commission européenne pour l'année de la citoyenneté européenne. J'étais à ce moment-là président du comité de jumelage et nous avons proposé un projet de rencontre entre collégiens de cinq villes de différents pays : Oswiecim (Pologne), Zarasai (Lituanie), Mottafollone (Italie), Lavalette (Malte) et Ballan-Miré (France).
Jacqueline : Pendant la rencontre, nous avons travaillé en groupes par thème, en mélangeant les nationalités, ce qui a permis de produire et de présenter une synthèse commune à la fin. Chaque groupe avait travaillé en amont sur la manière dont eux vivaient leur citoyenneté dans leur ville respective, ils en ont fait une présentation lors de la rencontre.
Dominique : En 2014, avec un changement de municipalité, notre comité de jumelage a été mis en sommeil. Mais en 2021, l'association est relancée sous le nom d'Europe Murs ou Solidarités, pour répondre aux nouveaux enjeux de mobilité et de solidarité en Europe.
Jean-Charles : Avec le souhait de développer une solidarité accrue face aux défis actuels, en 2023, nous avons organisé la rencontre sur le thème de la migration, avec des jeunes entre 16 et 20 ans venant d'Oswiecim, Zarasai, Ballan-Miré, et deux jeunes de Breil-sur-Roya.
Jean-Charles : Pendant la rencontre qui a duré cinq jours, nous avons organisé des activités pour encourager les échanges. Nous avons aussi invité une association de Tours qui travaille avec des migrants et qui est venue avec cinq d'entre eux et a permis des échanges concrets entre les jeunes. La compagnie Échappée Belle, à travers ces échanges avec les jeunes, a écrit et joué une pièce de théâtre pendant la rencontre.
Michel : Nous avons aussi organisé un ciné-débat autour du film Les Engagés, proposé par Ciné Off, ainsi que des projections de courts-métrages illustrant des situations vécues par des migrants, suivies d'un atelier-débat animé par PasserelleCiné.
Dominique : Le défi principal est de trouver du financement. Par exemple, en 2023, nous n'avons pas obtenu le financement Erasmus, alors nous avons dû puiser dans nos fonds propres et compter sur l'aide de nos partenaires pour l'hébergement et le transport. Michel : Les jeunes de Mottafollone par exemple n'ont pas pu venir parce qu'ils n'avaient pas le financement nécessaire.
Jean-Charles : En ce qui concerne la recherche et la demande de financement, nous maîtrisons bien le fond du projet, mais la présentation formelle exigée par les financeurs est souvent complexe. Nous conseillons donc de se faire accompagner dans ces démarches. Ce que nous avons fait avec Centraider et avec une consultante via le dispositif de la région Project'eur, pour nous aider à remplir le dossier Erasmus notamment. C'est surtout ce dernier que nous trouvons très complexe à rédiger.
Dominique : Sur les réussites, ces rencontres ont suscité des changements concrets : certaines villes, comme Oswiecim, inspirées par notre Conseil de jeunes à Ballan-Miré, ont choisi d'en créer un chez elles.
Jacqueline : Ce type de rencontre permet aux jeunes de confronter leurs réalités respectives et d'agir ensemble. Par exemple, lors de la rencontre de 2023, ils ont écrit une lettre à la Présidente du Parlement européen, avec notre appui pour la synthèse, pour exprimer leur vision sur la migration et demander que les décisions européennes évoluent vers plus d'humanisme et de solidarité. La Présidente du Parlement européen a répondu à ce courrier.
Par ailleurs, les expositions de rue que nous réalisons avant chaque rencontre, nous permettent de sensibiliser plus largement les Ballanais sur des sujets assez souvent polémiques comme la migration (projet de 2023).
Jean-Charles : Pour chaque projet, nous souhaitons obtenir un résultat qui permette de construire quelque chose à partir de l'initiative des jeunes et de le diffuser auprès des instances politiques locales. Pour la rencontre de l'année prochaine, nous aimerions faire par exemple une production sous forme d'une charte.
Jean-Charles : Après le projet de 2023, de nombreux jeunes ont exprimé le souhait de poursuivre les échanges. Pour pérenniser cette dynamique, nous avons renommé l'association « Jeunes Ouverts à l'International et aux Échanges » permettant des projets sans thème spécifique.
Le thème de 2025 portera sur L'ENGAGEMENT des jeunes et leur rôle dans la vie locale, afin de comprendre leurs motivations, les obstacles rencontrés et de co-construire des solutions pour renforcer leur place dans la ville. Ce choix découle d'une enquête où les jeunes ont exprimé un besoin de reconnaissance et d'intégration. Enfin, pour innover, nous ouvrirons le projet au public de la commune, avec les jeunes animant la ville sur deux ou trois après-midis d'activités de leur choix.
Michel : Les jeunes (de 12 à 25 ans) participeront à des visioconférences dès 2024 pour préparer la rencontre qui se tiendra à Ballan-Miré en octobre 2025. Nous avons fixé des activités (échanges les matins ; animations, visites et échanges avec d'autres jeunes engagés les après-midis, et de temps de convivialité le soir) mais ce sont les jeunes qui marquent la dynamique des échanges et nous nous adaptons.
Dominique : Enfin, il est important de souligner que nous rencontrons des obstacles pour engager des jeunes surtout de la tranche d'âge 18-30 ans, qui sont très absents dans notre commune pour diverses raisons. Ce projet est intéressant justement parce qu'il nous permettra d'explorer et de comprendre pourquoi certains jeunes s'engagent, tandis que d'autres non. Pour cette raison aussi nous avons décidé d'aller à la rencontre de jeunes déjà engagés, comme les pompiers, des jeunes de la Croix Rouge, les sportifs de clubs, ou encore les Compagnons du Devoir.
Jacqueline : Les principaux partenaires sont les délégations des villes de Oswiecim, Zarasai, Mottafollone, Ballan-Miré, ainsi que deux nouvelles villes : Wolfsburg (Allemagne) et Gyumri (Arménie) qui ont intégré le projet par des contacts que nous avions et suite à des discussions sur le projet qui a suscité leur intérêt.
Jean-Charles : Nos partenariats sont essentiels. Nous collaborons avec des structures comme la Ligue de l'enseignement, Passerelle Ciné à Tours, qui nous aident dans le choix de films pour alimenter les débats ou encore l'Echappée Belle. Un sociologue aussi va nous accompagner sur ce projet apportant ainsi son expertise pour favoriser une réflexion plus approfondie.
Michel : Ces partenariats se renforcent chaque année. L'un de nos plus anciens partenaires est l'association Amitié Polonaise qui par exemple, en 2023, nous a aidé à trouver des hébergements pour les jeunes. Nous souhaitons assurer la pérennité des échanges et envisager qu'ils puissent se dérouler dans un pays partenaire après 2025. Pour les futurs projets, un accompagnement sur le fond et des échanges avec des spécialistes nous aideraient à aborder tous les aspects essentiels. Enfin, nous partageons tous une conviction pro-européenne : si l'Europe est économique, nous aspirons aussi à une Europe sociale et humaine. C'est dans cet esprit que nous travaillons avec les jeunes, à notre échelle.
CENTRAIDER est un réseau régional multi-acteurs, au service de toutes les structures engagées dans des projets de coopération décentralisée et/ou de solidarité internationale (collectivités territoriales, associations, établissements scolaires, hôpitaux, universités, etc.). CENTRAIDER s'est fixé pour objectif l'amélioration des pratiques des acteurs de la coopération et la solidarité internationale.
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