France Volontaire : un point de départ pour une aventure humaine et solidaire

Publié le 10/12/2024

Photo : Benjamin Combs / Unsplash.com

Interview de Yann Delaunay – directeur général de France Volontaires et Achille Castelnau – chargé d’appui et de développement à PLAY International, ancien volontaire

Comment France Volontaires accompagne les futurs volontaires dans la phase de décision et de préparation ?

Yann Delaunay : France Volontaires est un groupement d'intérêt public opérateur du Ministère des Affaires étrangères. Notre mission est de démocratiser l'accès au volontariat international en le rendant plus compréhensible et accessible à tous. Nous collaborons étroitement avec des acteurs diversifiés : l'État, les collectivités territoriales, les associations, mais aussi les Réseaux Régionaux Multi-Acteurs pour informer et mobiliser largement.

Notre priorité est d'expliquer clairement ce qu'est le volontariat, mais aussi ce qu'il n'est pas. Par exemple, nous insistons sur le fait que le volontariat n'est ni un voyage touristique ni une simple expérience personnelle, mais une mission au service de l'intérêt général. Nous nous appuyons sur des outils variés comme notre site internet, des témoignages inspirants d'anciens volontaires, des campagnes de sensibilisation et des événements tels que des journées d'information ou des festivals.

Enfin, nous travaillons activement à identifier des partenaires locaux fiables à l'étranger, afin de garantir que les missions proposées soient réellement bénéfiques aux communautés accueillantes tout en offrant une expérience riche et formatrice aux volontaires.

Achille, quel a été le déclic pour vous lancer dans une mission de volontariat international ?

Achille Castelnau : J'ai eu en réalité deux déclics. Tout d'abord, il y a eu une première opportunité de partir au Liban. Cette expérience a éveillé en moi l'envie de m'engager plus largement à l'international. Ensuite, mon intérêt pour la solidarité internationale a pris le relais. Le volontariat cochait ces deux aspirations : vivre une nouvelle expérience à l'étranger tout en m'impliquant dans une mission d'intérêt général. Par ailleurs, cela me permettait de développer des compétences professionnelles au cours de cette aventure. Je suis donc parti en volontariat au Sénégal pour PLAY international.

Comment France Volontaires aide les volontaires à clarifier leurs motivations et à aligner leurs attentes avec les besoins des missions sur le terrain ?

Yann Delaunay : Clarifier les motivations des volontaires est une étape essentielle pour assurer le succès d'une mission. Nous avons développé un parcours spécifique pour aider chaque futur volontaire à se poser les bonnes questions : « Pourquoi veux-tu partir ? », « Qu'espères-tu accomplir ? » ou encore « Quels sont tes objectifs personnels et professionnels ? ». Nous mettons en avant l'im-portance de l'adéquation entre les attentes des volontaires et les besoins réels sur le terrain. Ainsi, nous aidons les volontaires à réfléchir à leurs compétences, leurs valeurs et leur disponibilité. Ce processus vise à éviter les incompréhensions ou les frustrations une fois sur place. De plus, nos partenaires et réseaux, comme les RRMA, jouent un rôle essentiel dans l'accompagnement des candidats dans cette réflexion, en prenant par exemple en compte des éléments clés tels que la culture du pays d'accueil, les objectifs des missions, et les besoins des communautés locales.

Achille Castelnau : Mes attentes étaient multiples. D'un point de vue professionnel, je souhaitais être au plus proche du terrain, me confronter à des réalités nouvelles et élargir mes compétences dans un contexte opérationnel. À titre personnel, c'était l'occasion de découvrir un nouveau pays après le Liban et d'apprendre à m'adapter à un environnement différent, tant sur le plan culturel que dans les méthodes de travail. C'était cette quête de nouveauté, d'expérience et de défi qui me motivait profondément. Ma mission a d'ailleurs répondu à ces attentes en me plongeant dans une autre culture et un environnement de travail différent de ce que je connaissais.

Comment préparez-vous les partenaires locaux à accueillir les volontaires, pour faciliter leur intégration ?

Yann Delaunay : France Volontaires s'appuie sur un réseau d'« espaces volontariat » dans le monde (ndlr : dans 30 pays) qui jouent un rôle clé dans la préparation et le soutien des partenaires locaux. Ces espaces facilitent l'accueil des volontaires en partageant des informations sur les réalités culturelles, sociales et sécuritaires du pays. Nous organisons aussi des sessions d'information et de
formation pour renforcer les liens entre les volontaires et leurs structures d'accueil, favorisant ainsi leur intégration.

Comment soutenez- vous les volontaires qui pourraient ressentir
un choc culturel ou un décalage avec leurs attentes ?

France Volontaire : Le choc culturel est une réalité courante dans les missions de volontariat. Nos espaces volontariat sont présents pour apporter un soutien direct sur place, notamment en organisant des ateliers ou en offrant des espaces d'échange. Ces initiatives permettent d'identifier rapidement les éventuelles difficultés rencontrées par les volontaires.
En cas de besoin, nous proposons un suivi personnalisé pour aider à surmonter ces moments délicats, tout en maintenant un lien constant avec les structures d'envoi et les autorités locales.

Achille Castelnau : Même si ce n'était pas ma première fois à l'étranger, mes premiers jours à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, ont été une sorte de choc. Cette ville est très différente de Dakar, qui offre des repères plus familiers pour un Occidental : cinémas, grandes enseignes, etc. À Saint-Louis, l'absence de ces repères visuels et physiques m'a frappé. Je me suis retrouvé face à une réalité où tout, des bâtiments aux modes de vie, était totalement différent de ce que j'avais connu. Sur le plan professionnel, ma mission était fidèle à ce qui m'avait été présenté par l'ONG Play International et son partenaire local. Les conditions de travail correspondaient à ce que j'avais anticipé, que ce soit en
termes d'environnement ou des activités à mener. En revanche, il y avait un décalage évident avec ma vie en France, notamment au niveau des infrastructures ou des habitudes quotidiennes. Mais ce dé-calage faisait partie intégrante de ce que je cherchais : sortir de ma zone de confort pour découvrir autre chose.

Quels types de suivi ou d'accompagnement proposez-vous aux
volontaires en cours de mission ?

France Volontaire : Le suivi des volontaires repose sur une collaboration entre France Volontaires, les structures d'envoi, et les espaces volontariat locaux. Nous veillons à ce que les volontaires soient intégrés dans des dispositifs adaptés, avec un soutien régulier sous forme d'échanges ou d'ateliers. Nous travaillons également à valoriser leur contribution en mettant en avant leur impact sur des priorités internationales comme l'agenda 2030 et les objectifs de développement durable.

Achille Castelnau : Mes difficultés étaient surtout liées à la vie quotidienne. Trouver où déjeuner,
comprendre comment se déplacer, ou encore s'adapter aux différences culturelles étaient des défis au départ. Ces obstacles sont relativement mineurs, mais exigeaient de l'agilité et une capacité d'adaptation constante. Un autre moment marquant a été lorsque ma compagne est tombée malade et j'ai dû l'accompagner à l'hôpital. Cela a renforcé ma prise de conscience des différences en terme d'accès et de qualité des infrastructures médicales. Ces expériences m'ont appris à composer avec des réalités très différentes de celles que je connaissais. D'un point de vue personnel, le dépaysement
et les petits défis quotidiens m'ont aussi rappelé pourquoi j'étais là. Ces éléments m'ont permis d'apprendre énormément et de m'enrichir tant humainement que culturellement. Ce sentiment est survenu aussi lors des activités organisées avec les enfants autour de jeux sportifs. Voir directement les bénéficiaires de mon travail et constater l'impact positif que nous avions sur eux a été extrêmement gratifiant.

Photo : Alexander Bagno / Unsplash

Comment soutenez-vous les volontaires dans la phase de réintégration ? Proposez-vous des espaces pour partager leurs expériences ?

Yann Delaunay : La phase de retour est tout aussi importante que celle de préparation ou de mission. Nous organisons des stages de relecture d'expérience pour accompagner les volontaires dans l'identification des compétences acquises et leur valorisation dans leurs projets futurs.
Nous collaborons avec des acteurs académiques et professionnels pour mieux intégrer et reconnaître ces compétences dans les parcours professionnels des volontaires. Ces initiatives visent à renforcer
la reconnaissance de l'expérience de volontariat.

Achille Castelnau : Mon retour a été marqué par un certain décalage. Après une expérience aussi intense, on se rend compte que la vie en France a continué son cours, souvent sans grande attention pour ce que l'on a vécu. Lors de mon premier retour du Liban, cela avait été très perturbant. Cette fois-ci, en revenant du Sénégal, j'avais appris à gérer mes attentes même s'il y a toujours un temps d'adaptation. On remet les choses en perspective, on se réhabitue à un quotidien qui peut sembler
un peu déconnecté de ce que l'on a vécu sur place.

En quoi les expériences des anciens volontaires nourrissent-elles
l'évolution de vos programmes et dispositifs ?

Les témoignages des anciens volontaires sont précieux pour améliorer nos pratiques et sensibiliser de nouveaux publics. Ils contribuent à faire connaître les impacts positifs du volontariat et à ajuster nos programmes pour répondre aux besoins réels.
Nous utilisons également des formats vidéo et participons à des événements pour promouvoir ces expériences auprès du grand public.

Achille, quel aspect de votre mission reste le plus vivant aujourd'hui ?

Achille Castelnau : Les rencontres, sans aucun doute. Elles constituent la richesse première du volontariat. Ces échanges avec des personnes aux parcours et aux perspectives totalement différents des nôtres ouvrent l'esprit, donne des perspectives et apporte des clés de lecture et de compréhension
de l'autre. Ces discussions m'ont permis de prendre conscience des nombreux décalages entre nos connaissances européennes et les réalités vécues ailleurs dans le monde. Encore aujourd'hui, je garde contact avec certaines personnes rencontrées au Liban ou au Sénégal. Ces relations continuent de m'enrichir.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui hésite encore à
s'engager dans une mission de volontariat international ?

Yann Delaunay : Le volontariat est une expérience enrichissante, mais il nécessite de la préparation. Nous conseillons de prendre le temps de choisir une mission adaptée, avec des partenaires de confiance, et d'éviter les démarches trop rapides. Il est important de privilégier un engagement éthique et de se poser les bonnes questions pour maximiser l'impact de cette expérience, tant pour soi-même que pour les communautés locales.

Achille Castelnau : C'est une expérience à la fois professionnellement et personnellement enrichissante. Elle permet de développer des compétences transférables tout en offrant une formidable ouverture sur le monde.

Quels efforts déployez-vous pour sensibiliser à l'importance d'un
volontariat éthique et éviter les dérives du volontourisme ?

Il existe des dérives mêlant tourisme et pseudo-volontariat, qu'on appelle le volontourisme. Souvent axé sur des missions superficielles et de courte durée. Sur ce que je disais à l'instant, typiquement, si une structure vous propose de partir la semaine prochaine en volontariat, c'est mauvais signe. Encore plus,
si on vous demande de vous acquitter d'une somme avant de partir.

C'est un problème car ces missions profitent davantage aux agences organisatrices qu'aux communautés locales et elles peuvent renforcer les inégalités sociales et économiques dans les pays d'accueil. Consciente de ces enjeux, France Volontaires se positionne clairement dans la lutte contre cette tendance. Pour nous, le volontariat international doit avant tout être un outil de solidarité et de coopération respectueux des besoins et aspirations des populations locales. Ainsi, l'organisation insiste sur des missions inscrites dans une démarche à long terme, co-construites avec des partenaires locaux et adaptées aux réalités du terrain. En valorisant des projets structurants, elle s'assure que l'impact des missions soit durable et bénéfique pour les communautés.

C'est pourquoi nous sensibilisons et formons les volontaires au départ. Nous accompagnons les candidats dès les premières étapes, en les formant aux enjeux éthiques du volontariat international. Ces
formations permettent de déconstruire les idées reçues et de préparer les volontaires à adopter une posture humble et respectueuse, basée sur l'écoute et l'échange. Notre approche repose sur un triangle d'engagement : le volontaire, la structure en France, et le partenaire local. Cette collaboration garantit une mission répondant aux besoins réels sur le terrain.

Photo : Imani Bahati / Unsplash

Centraider

CENTRAIDER est un réseau régional multi-acteurs, au service de toutes les structures engagées dans des projets de coopération décentralisée et/ou de solidarité internationale (collectivités territoriales, associations, établissements scolaires, hôpitaux, universités, etc.). CENTRAIDER s'est fixé pour objectif l'amélioration des pratiques des acteurs de la coopération et la solidarité internationale.

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